L’Atlas, de son vrai nom Jules Dedet, est né en 1978 à Paris. Dès son plus jeune âge, il développe une fascination pour l’écriture et les signes, qui deviendront le fil rouge de toute sa démarche artistique. Après des études en calligraphie arabe qu’il approfondit aux côtés de maîtres au Maroc et en Égypte, il développe un langage plastique singulier, à la croisée de l’abstraction géométrique, de l’art optique et des traditions calligraphiques.Dans le travail de L’Atlas, les lettres ne sont jamais simplement lisibles. Elles deviennent forme, espace, rythme. En manipulant leur structure, l’artiste brouille volontairement les repères du spectateur. Les lignes se croisent, les motifs s’enchevêtrent, les compositions prennent des allures de labyrinthe ou de cartographie mentale. Le regard se perd dans ces constructions savamment orchestrées où chaque détail semble codé. La frontière entre lecture et contemplation s’efface. Souvent réalisées en noir et blanc, ses œuvres jouent sur les contrastes, la précision, et une impression de mouvement suspendu. L’influence de l’architecture urbaine, des plans de villes, de la géométrie sacrée est omniprésente. Pourtant, rien n’est rigide : tout respire, vibre, et se transforme sous nos yeux.Présent aussi bien dans l’espace public – où il a réalisé de nombreuses fresques monumentales – que dans les grandes institutions artistiques ou les foires internationales, L’Atlas s’impose comme une figure majeure du street art contemporain. Il conjugue l’héritage du graffiti avec une démarche plastique exigeante, conceptuelle, nourrie d’histoire et de spiritualité. Dans Street Scripts, son travail entre en résonance avec celui de Rafael Sliks, dans une exploration du signe et du geste. L’Atlas ne peint pas simplement des mots : il révèle la dimension invisible du langage, sa puissance graphique et symbolique. Chaque œuvre est une invitation à se perdre – ou à se retrouver – dans un alphabet intérieur.
Rafael Sliks est né en 1981 à São Paulo, mégapole tentaculaire où il a grandi au milieu du béton, du bruit, de la densité. Très jeune, il est happé par les lettrages qui recouvrent les murs, les trains, les toits. Il se lance dans le graffiti comme on entre en résistance, habité par une nécessité viscérale d’exister dans l’espace urbain. Son blaze “Sliks” devient alors sa première œuvre d’art, son empreinte dans la ville. Mais Sliks ne s’est jamais contenté de la répétition des codes du tag. Très vite, il explore de nouvelles dimensions du geste. L’écriture devient fluide, gestuelle, presque dansée. Il abandonne peu à peu les lettres pour inventer un langage visuel plus instinctif, où se croisent calligraphie, abstraction, coulures, superpositions. Ce qu’il propose, ce ne sont plus des messages : ce sont des vibrations.Inspiré à la fois par le chaos organique de la ville et par la respiration silencieuse de la nature, Sliks crée des toiles où s’enchevêtrent mouvements, textures, couleurs. Chaque œuvre semble saisie dans l’élan du geste. C’est une peinture physique, intuitive, presque méditative, dans laquelle l’artiste projette une énergie brute, indomptable, qu’il canalise dans des compositions hypnotiques.
Ce qui distingue Rafael Sliks, c’est cette tension entre urgence et contrôle, spontanéité et précision. Derrière le désordre apparent, il y a une structure, un souffle. Ses œuvres nous parlent d’équilibre, de transformation, d’une quête de beauté au cœur du tumulte. L’écriture, dans son travail, devient une matière à sculpter, une force vivante. Elle n’est plus là pour être lue, mais pour être ressentie.De São Paulo à Berlin, de Miami à Taïwan, ses œuvres voyagent, tout en restant profondément enracinées dans une culture de rue authentique. Dans le cadre de Street Scripts, Sliks entre en dialogue avec L’Atlas dans un jeu subtil de contrastes et de correspondances. Tous deux interrogent le signe, le rythme, l’espace. Là où L’Atlas construit, Sliks libère. Là où l’un trace, l’autre déborde. Ensemble, ils redessinent les contours d’une calligraphie urbaine contemporaine, poétique, universelle.